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Visite guidée d’une sapinière
Nous retrouvons Corentin Desmaizières, acheteur du Groupe CENZATO dans une sapinière à proximité du village de Jonzieux dans le département de la Loire au sud de Saint-Étienne. Dans une pente douce qui descend vers un ruisseau apparait une vaste parcelle de sapins pectinés de tous âges : la forêt d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Il nous invite à visiter ce lieu à l’écart du monde pour nous expliquer son fonctionnement subtil.
La sapinière, le royaume du sapin
Comme l’indique son nom, la sapinière est une plantation de sapins dont le peuplement est majoritairement constitué de sapins, du genre pectiné (Abies Alba) dans le cas présent. Ces forêts ont été gérées et valorisées au fil des générations de sylviculteurs pour produire un bois de qualité, réputé pour ses capacités mécaniques et la longueur de ses grumes. C’est aussi un espace sauvage ou l’on laisse agir la nature par régénération.
Chaque année, les brosses de semis des arbres donnent naissance à des gaulis qui seront les grands arbres de demain. Ils attendent leur tour au pied de leur géniteur. Les coupes des arbres à maturité leur permettront de s’élancer à leur tour vers la lumière.
État des lieux
Les sapinières de la région AURA représentent un héritage qui a traversé les générations et peuvent être considérées comme des forêts « anciennes ». Les forêts anciennes sont des espaces boisés qui ont conservé leur vocation forestière depuis au moins le début du XIXe siècle (minimum forestier du territoire français) ce qui représente une période d’au moins 150 ans. Aujourd’hui, du fait des successions au fil des générations et de l’exode rural, certaines parcelles sont laissées à l’abandon, sans entretien, avec des gros bois majoritaires qui pénalisent la régénération.
La sapinière comme un jardin
Une sapinière est par analogie comme un jardin, dans le sens où elle doit être entretenue pour donner le meilleur d’elle-même. La sapinière est généralement surpeuplée, en début croissance des sapins. Ensuite, des récoltes d’éclaircissage sont pratiquées pour récolter des arbres de plus en plus grands au fil des ans.
Les arbres se font naturellement concurrence et s’élancent vers la lumière ce qui leur donne un tronc très longiligne avec peu de branches. Le bois est alors d’une qualité supérieure. C’est ce qu’on appelle l’élagage naturel… c’est la loi du plus fort.
La main de l’homme
La coupe d’éclaircie permet d’entretenir la sapinière. Le sylviculteur avec son savoir-faire va choisir, lors des coupes d’éclaircie, de prélever les arbres à maturité dont le retrait va faciliter la croissance des arbres plus jeunes à proximité.
Lorsqu’on observe des souches de gros bois toujours en place, on constate que la trouée de lumière, même si le sapin pectiné n’apprécie par une lumière trop vive, se sont implantés et se lancent à leur tour dans une phase de croissance vers les hauteurs.
Lors de coupes d’entretien, les bois morts ou déchets de coupe sont laissés au sol pour amender celui-ci et préserver la biodiversité. Une sapinière est un jardin mais dont l’apparence n’a rien d’un jardin à l’anglaise ou à la française. La nature reste maître des lieux et son aspect peut laisser croire à certains qu’elle est négligée ou abandonnée.
Expliquer la sapinière au grand public
La forêt accueille de plus en plus de visiteurs qui souvent ne comprennent pas le travail des forestiers. Trop souvent, ils assimilent la coupe à une destruction alors que celle-ci permet d’entretenir et pérenniser la forêt. Le rôle des professionnels est alors d’expliquer la teneur de leur mission et l’objectif qui est de préserver durablement le massif.
La difficulté d’identifier les propriétaires
Aujourd’hui, du fait du morcellement des parcelles, les exploitants peinent à rentabiliser un déplacement pour intervenir sur quelques arbres. Face à ce constat, il est pertinent de contacter les propriétaires des parcelles à proximité pour leur proposer de partager les couts et entretenir leur sapinière.
La recherche de parcelles à maturité se fait généralement par démarchage en identifiant les propriétaires à partir des informations du cadastre. Un vrai travail de détective, d’autant que nombre de parcelles ont été perdues de vue par les héritiers qui ont quitté la région.
Un espace naturel respecté
Une sapinière se respecte et bénéficie du savoir-faire des forestiers. Les travaux de coupe d’éclaircissement sont menés dans les périodes « hors sève » pour limiter l’impact de l’intervention et obtenir la meilleure qualité de bois. Le débardage se fait par des chemins généralement anciens qui serpentent entre les arbres. Concernant les coupes rases, celles-ci sont peu fréquentes en région AURA et sont menées en dernier recours lorsque les arbres dépérissent de maladie ou de sécheresse. Après remise en état de la parcelle, on replante des espèces plus résistantes comme notamment le Sapin Douglas. Certains propriétaires font également le choix de diversifier les essences pour limiter les risques.
La majorité des forêts gérées par l’ONF a souscrit au label PEFC. De plus en plus de parcelles privées font également la démarche en réponse aux attentes des industriels de la transformation, pour une forêt gérée durablement.